24/11/2019

Le dimanche matin

Moi le dimanche matin, vers 6-7 heures, je prends mon café et
mes deux cigarettes dans le giron de ma brume entourée par les
itinérants du quartier qui m’ont acceptées comme l’une des leurs.
Je ne réalisais pas jusqu’à ce matin, un gars m’a dit : 

Gars- Salut l’Église ouvre juste à neuf heures
Moi- Ho je viens pas pour déjeuner, je viens boire mon café du matin. (en montrant mon café dans un pot mason)
Gars- Ha j’aurais cru il me semble que je te vois souvent...
Moi- Ouais je viens souvent prendre mon café sur le banc en face de l’Église
Gars- Ha tu es une personne qui prend ça relaxe

Et il est allé faire la file parfaitement satisfait de cette conclusion.

J’ai choisi un banc au hasard le jour où je suis arrivée dans le quartier.
Force est de constater que c’est là que je me sens le mieux
pour commencer ma journée de congé.

Et bien plus tard...



Retour à moi après ce que l’on appelle un burnout ou un trouble d’adaptation selon le billet du médecin... Ma psy m’a demandé comment je vivais avec ce terme. Sur le coup je m’en foutais ce n'était que des mots qui me permettait d’éviter du trouble avec les assureurs... Mais aujourd’hui je me dis que ce sont les mots parfaits. J’ai de la difficulté à m’adapter... au monde dans lequel je vis. Je ne comprends pas comment m’adapter au monde en général. Et j’ai l’intuition que c’est sain. Comment être serein dans un environnement où les bruits, les odeurs, les textures de la nature ne sont plus accessibles. Où l’agressivité, passive ou pas, est quotidienne. Où les personnes vraies et disponibles sont si rares. Je refuse et, refuserais toujours, de m’y soumettre complètement, d’abandonner ce que je sais être l’essence précieuse de notre existence. Je suis sensible et empathique, méfiante et secrète aussi. On associe la sensibilité à de la faiblesse et moi je pense que c’est ma plus grande force. J’en paie le prix souvent. La preuve je me suis épuisée à essayer de me conformer à l’ ”inconformable” (pour moi en tout cas). Mais ce n’est pas en vain, maintenant je me rapproche de ma vraie nature et je sais que mon refus d’elle me tuerais à petit feu... Alors à 46 ans j’avance à petit pas d’enfant, j’observe tout. J’apprend à respecter ma nature, à évaluer les limites, plutôt que de me fixer une cible et me battre, plutôt que de fuir dans les distractions que la société nous offre si abondamment pour oublier. J’apprends des animaux de ma vie, les êtres qui me comprennent et que je comprend, qui ont cette capacité naturellement. Je ne suis pas, et ne pourrait l’être, cette personne qui travaille pour sa retraite et son plan d’assurance. Pour avoir congé les jours fériés des fonctionnaires. Ça n’a pas de sens, pour moi, de me rendre malade pour profiter de mon plan d’assurance qui me permet de prendre des journées de maladie... ? Pour avoir un bon salaire qui me sert à payer Netflix, Amazon Prime, des frais de condo et des restos qui me permettent d’oublier que je suis dans un bureau où les fenêtres ne s’ouvrent pas, à faire des choses qui n’ont pas un réel sens pour moi. L’anxiété est le fruit d’une société qui ne ressemble pas à notre essence animale et qui exige des capacités d’adaptation de plus en plus exigeantes, ce qui laisse certains d’entre-nous sur le bord de la route. Pas les plus paresseux, pas les moins intelligents mais les plus vrais...